Le Trait d’Union, journal d’information du Syndicat Unifié-Unsa, est adressé chaque trimestre au domicile des seuls adhérents actifs et retraités. Découvrez ci-après un article de la rubrique “RETRAITÉS”…

RÉFORME DES RETRAITES

Un pavé dans la mare…

Pierre-Louis Bras, ancien président du Conseil d’orientation des retraites (COR), s’exprimait en fin d’année pour la première fois depuis son éviction par Matignon mi-octobre.

Ce fut l’occasion de revenir sur la réforme des retraites à travers l’œil d’un spécialiste qui aura œuvré pendant neuf ans dans l’institution, en charge depuis l’année 2000 d’analyser et suivre les perspectives à moyen et long terme du système de retraites français.

 

POLITIQUE DE GRIBOUILLE…

Le Trait d’Union, après lecture attentive, aura noté trois points qui confirment l’avis défavorable qu’il avait sur cette réforme :

  1. Les dépenses ne dérapaient pas selon les projections du COR. Cela perce à jour, si c’était encore nécessaire, la duplicité d’une dramatisation gouvernementale qui n’avait pas lieu d’être.
  1. Pierre-Louis Bras doute du caractère juste de ce projet. S’il évoque un « bilan favorable à terme » pour les retraités les plus modestes, grâce notamment à l’amélioration du minimum contributif de pension (les fameux 1 200 euros sous certaines conditions), l’ancien président du COR rappelle que le décalage de l’âge de départ en retraite « pénalise davantage ceux qui ont connu des métiers pénibles, peu valorisants, peu rémunérés, exigeants. »
  1. Enfin, l’énarque de 64 ans estime que la réforme passée aux forceps « n’améliore pas la soutenabilité financière du système de retraite à long terme ». Pour lui, cette réforme va certes produire des économies dans dix ans, mais augmentera la charge des retraites dans trente ans, notamment à cause de l’augmentation des pensions due à l’allongement des carrières. Un « paradoxe », alors que le projet d’Emmanuel Macron devait peu ou prou sauver le système…

Excusez du peu ! Pas d’urgence, réforme injuste et pas d’amélioration sur le long terme !

 

…PAS SANS CONSÉQUENCES !

En revanche, ce qui est certain, c’est que cette réforme est très mal vécue par tous ceux qui, à l’orée de la retraite, se seront vu rajouter des trimestres de travail et qui, pour d’autres, bien qu’étant partis en compte épargne temps, devront revenir dans l’entreprise pour quelques mois… Et tout ce gâchis sans pour autant rassurer les plus jeunes qu’une énième réforme ne sera pas nécessaire d’ici quelques années.

Gestionnaire de régime de retraite supplémentaire, le Syndicat Unifié-Unsa ne dit pas qu’il n’y a rien à faire sur le sujet des retraites. Mais il a mis en place, dans le régime de retraite supplémentaire des Caisses d’épargne, un âge pivot, laissant chacun libre du choix de son âge de départ, tout en préservant l’équité à travers des abattements actuariels : l’identique aurait été sans doute bien mieux perçu par la population française.

De même, si nous ne résolvons pas dans notre société la problématique du juste partage de la valeur ajoutée qui pourrait être redistribuée, notamment dans la retraite ou encore la gestion de la dépendance, nous développerons un sentiment d’injustice qui pourrait se muer en violence, comme certains épisodes récents de l’actualité ont pu le démontrer…

Rappelons à titre d’exemple que les quatre milliardaires français les plus riches et leurs familles ont vu leur fortune augmenter de 87 % depuis 2020 alors que, dans le même temps, la richesse cumulée de 90 % des Français a baissé (Source OXFAM France).

 

Cet article est signé par Philippe DONVITO
ancien Secrétaire général Syndicat Unifié-Unsa
Président actuel de la CGP