QUERELLE ANCIENS CONTRE MODERNES
Magazine papier ou support numérique ?
Lequel de ces choix répond le mieux aux exigences environnementales ? La réponse n’est pas si évidente qu’on pourrait le penser. Explications…
L’empreinte carbone, par l’émission de gaz à effet de serre (GES), est la référence communément utilisée pour quantifier et comparer l’impact des acteurs économiques sur le réchauffement climatique. À ces fins, Benoit Moreau, de la société Ecograf 1, a développé une « calculette carbone » permettant d’apprécier l’empreinte d’une publication soit « papier » soit « numérique ».
Le papier nécessite du bois et de l’énergie pour sa production et son transport. Il évalue l’impact d’une page papier entre 5 et 10 g de CO2 là où une page numérique oscille entre 0,147g et 0,441g ! De quoi faire de la presse écrite le vilain petit canard de la cause environnementale !
Un constat en trompe l’œil
Pourtant l’impact environnemental ne se cantonne pas aux simples émissions de GES. L’extraction de métaux rares nécessaires à la fabrication des appareils électroniques (PC, tablette, liseuse et smartphone) ainsi que leur acheminement depuis leurs lieux de production, généralement asiatiques, viennent ternir les vertus éco-responsables du support numérique.
À cela vient s’ajouter le transfert (Wifi, 4G, etc.) et le stockage des données (data center et leur localisation) qui aggravent sérieusement, sur la durée, la facture en CO2 du numérique.
Une fois la production et le transport comptabilisés, le magazine papier devient quasiment neutre en termes d’impact. De plus, il peut être lu et relu à l’envi sans générer de cout supplémentaire, et ceci par plusieurs personnes.
La balance penche alors en faveur de la traditionnelle feuille de choux, du bon vieux canard, de la revue sur papier glacée ou de la publication périodique dont le Trait d’union est un digne et respectable représentant.
Alors, que choisir ?
La réponse semble être, comme souvent, dans l’équilibre. Tout dépend de la pertinence dans le temps de l’information communiquée. Une revue d’actualité éphémère, et donc à obsolescence rapide, ne justifie pas le cout environnemental du format papier.
En revanche, la version numérique d’une publication plus pérenne engendre un cout de stockage (10g de CO2 par an pour 1Mo), auquel il faut rajouter 11g en cas de partage vers un autre lecteur… qui pourrait à nouveau la stocker !
Tout nous pousse donc à établir cette règle : « Numérisons l’éphémère et publions le durable ».
Philippe Cazeau
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