Fête de la concorde nationale ? Assurément !
Cette date est évidemment connue des françaises et des français. Elle dépasse même nos frontières pour sa portée symbolique et historique. Par raccourci ou simplicité mémorielle elle est étroitement associée à la prise de la Bastille de 1789, mais est-ce que cela ? est ce uniquement le rappel d’un embrasement révolutionnaire ? est-ce exclusivement la commémoration d’une lutte de classe et d’un déchirement civil ? heureusement non.
Une double filiation et un vrai consensus républicain
Réunir un peuple autour d’un symbole est une pierre indispensable à l’édification d’une union nationale. C’est dans cette esprit que les parlementaires de 1879, en pleine troisième république, ont décidé de graver une date fédératrice dans notre roman national.
La chose n’était pas simple tant les tensions étaient vives entre les républicains forcenés et les conservateurs affirmés. Pour cet exercice périlleux et éminemment sensible, le débat et la raison ont su prendre leur place : celle d’un consensus national et fédérateur.
Le rapport du Sénat du 29 juin 1880, dont nous vous livrons un extrait, exprime mieux que n’importe quelle paraphrase l’esprit de concorde recherchée, et trouvée, par une représentation nationale responsable et constructive :
« Mais, à ceux de nos collègues que des souvenirs tragiques feraient hésiter, rappelons que le 14 juillet 1789, ce 14 juillet qui vit prendre la Bastille, fut suivi d’un autre 14 juillet, celui de 1790, qui consacra le premier par l’adhésion de la France entière, d’après l’initiative de Bordeaux et de la Bretagne. Cette seconde journée du 14 juillet, qui n’a coûté ni une goutte de sang ni une larme, cette journée de la Grande Fédération, nous espérons qu’aucun de vous ne refusera de se joindre à nous pour la renouveler et la perpétuer, comme le symbole de l’union fraternelle de toutes les parties de la France et de tous les citoyens français dans la liberté et l’égalité. Le 14 juillet 1790 est le plus beau jour de l’histoire de France, et peut-être de toute l’histoire. C’est en ce jour qu’a été enfin accomplie l’unité nationale, préparée par les efforts de tant de générations et de tant de grands hommes, auxquels la postérité garde un souvenir reconnaissant. Fédération, ce jour-là, a signifié unité volontaire. »
C’est le 6 juillet 1880 que le 14 juillet devient officiellement le jour de la Fête nationale française annuelle, sur proposition du député Benjamin Raspail. L’année, 1789 (prise de la Bastille chère aux républicains) ou 1790 (fête de la fédération chère aux conservateurs), n’est pas spécifiée par la loi afin de satisfaire les deux courants de l’époque.
Une aspiration pour 2023
Aujourd’hui nous, citoyennes et citoyens, militants et salariés, parlementaires et gouvernants, avons l’occasion de faire de ce jour ce que nous en voulons :
- soit le symbole d’un combat social généralisé avec son lot de confrontations violentes et fratricides.
- soit l’expression d’une volonté de rassemblement, d’acceptation de nos différences, de respect mutuel, une volonté d’aller de l’avant pour un bénéfice commun.
Le choix du Syndicat Unifié-Unsa, par les valeurs qu’il porte, s’inscrit naturellement dans la voie de l’engagement en toute liberté mais par des actions responsables avec conviction et respect, par la recherche de consensus pour un bénéfice commun.
Nous aspirons à ce que ce choix soit aussi celui des autres acteurs de la vie sociale de notre nation, de notre groupe et de nos entreprises.
Philippe CAZEAU
Secrétaire général
Syndicat Unifié-Unsa Groupe BPCE